David Simard, Documentariste David Simard, Documentariste
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Vieillir ensemble

« Mon art de maïeutique a les mêmes attributions générales que celui des sages-femmes. La différence est qu’il délivre les hommes et non les femmes et que c’est les âmes qu’il surveille en leur travail d’enfantement, non point les corps »

Socrate dans le Théétète
06|05|2020 Écrit par
David Simard

Vieillir ensemble,
un projet documentaire sur les aînés en temps de pandémie

Je m’appelle David Simard. Comme bien du monde, je cherche une manière de me rendre utile pour combattre la pandémie. J’ai d’abord voulu aller travailler en cuisine en CHSLD, un emploi que j’ai occupé pendant 5 ans, mais il semble que les besoins ne soient pas là. J’ai donc réfléchi à une autre manière de contribuer, mais en misant sur ce que je fais le mieux, du documentaire. Laissez-moi avant tout autre chose vous présenter mon angle.

La crise a laissé peu de place aux plus vulnérables de la société. Les personnes âgées, les malades chroniques, les précaires et les personnes vivants avec des limitations, absentes pour la plupart de la vie active et des réseaux sociaux, sont pour ainsi dire réduits au silence. Or, c’est en leur nom et pour leur bien-être que le gouvernement et toute la population ont mis sur pause la vie normale. En ces temps de pandémie, je souhaite donc mener des interviews par téléconférence avec des personnes parmi les plus vulnérables de la société. Il est urgent pour moi d’entendre ceux et celles pour qui nous nous battons aujourd’hui, afin de mieux aiguiller nos actions, mais aussi, afin de donner voix à ces personnes dont tout le monde s’improvise aujourd’hui les portes paroles. Dans un premier temps, je me propose d’approcher la catégorie des personnes âgées. Mon intention n’est pas de rajouter au capharnaüm ambiant, mais de libérer la parole de ceux et celles qui sont menacés par le virus. Que vivent nos aînés? Que veulent-ils? Et, par delà le covid, quelles sont leurs dernières volontés? Telles sont les questions fondamentales que je compte leur poser.

Au moment où j’écris ces lignes, près de deux milliards de personnes font l’expérience du confinement. Les paysages de monde paralysé et de temps suspendu auxquels nous sommes désormais habitués sont encore pour nous des paysages. Mais imaginons un instant la vie sans aucun paysage, dans une chambre seul, sans famille ni ami. Imaginons la solitude et la peur que peuvent ressentir les plus vulnérables dans les conditions actuelles. Les jours peuvent être longs et le silence, étourdissant. Sans Internet, il est fort à parier que le confinement serait impossible à supporter pour nos contemporains. Les réseaux sociaux, qu’hier nous accusions de tous les maux, sont le seul espace de liberté qui nous reste. Je propose de les utiliser pour sortir de l’ombre des personnes parmi les plus vulnérables en ce moment, et pour faire surgir leur voix là où nous ne les attendions pas : dans l’actualité. En ce sens, ma démarche est éminemment politique, dans un contexte où l’inégalité de l’accès à l’espace dit public apparaît de manière plus frappante que jamais. Or ma démarche est tout autant thérapeutique : par une simple discussion, je peux contribuer à leur faire du bien.

L’expérience du confinement est en soi philosophique. Dans un monde survitaminé où rien ne reste stable plus d’une seconde, le confinement est une distanciation salutaire, un temps d’arrêt sur la modernité, une occasion de remettre en question nos vies, le travail, les institutions, le gouvernement, l’économie, etc. Tout cela est possible, et de surcroît nécessaire, sans quoi nous n’apprendrons jamais de nos erreurs. On dit que la crise sanitaire actuelle changera à jamais notre manière de voir le monde. Mais comment? Vivre, oui, mais vivre de quelle manière, avec qui, et pour quoi faire? Et mourir, certes, mais mourir comment? La société mène aujourd’hui une lutte épique contre la mort, mais s’est-elle d’abord demandé quelle vie elle offre aux plus vulnérables, et quelle place elle leur réserve dans la société, en temps normal?

Voilà posées les prémisses de mon projet pour lequel je cherche l’aide des organisations communautaires et des associations de personnes aînées. J’apprécierais être mis en contact avec des potentiels intervenants et intervenantes qui n’ont pas leur langue dans la poche et qui ont le privilège d’avoir le nécessaire pour une telle télécommunication.

514-463-6445

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